LITURGIE du DIMANCHE
commentaire sur la Parole
Jésus
tenté dans le désert |
Préparation •
Couleur liturgique: Violet. Le premier dimanche du Carême, dans les diocèses, on célèbre le rite de l’élection des catéchumènes qui recevront le baptême au cours de la Veillée pascale. Il convient de se souvenir d’eux dans la prière des fidèles. Thème liturgique Avec le texte liturgique de la Collecte (prière), la liturgie suggère la triple valeur du Carême: «Dieu, notre Père, avec la célébration de ce Carême, signe sacramentel de notre conversion, accorde-nous de progresser dans la connaissance de Jésus Christ et de nous ouvrir à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle»; de témoigner de lui par une conduite digne. Le
Carême est avant tout un temps de conversion. L’expression «signe sacramentel
de notre conversion» indique l’antique habitude médiévale de confesser
ses péchés le mercredi des cendres, d’accomplir la pénitence tout au
long du Carême et de recevoir l’absolution le jeudi saint au matin (moment
de la fin du Carême). Ce
projet général tient compte que notre vie est quand même soumise à la
fatigue de la «tentation». Le vocabulaire biblique (peirasmòs), que
notre culture comprend comme antichambre du péché (si nous cédons à
la tentation) ou du mérite (si nous ne cédons pas à la tentation), avait
une signification plus radicale. De la tentation, la personne sort non
croyante (si elle cède à la tentation) ou bien, raffermie dans la foi
(si elle vainc la tentation). Pour éviter toute équivoque, il convient de rappeler que Dieu «met à l’épreuve» (il veut te montrer ce que tu es), tandis que le diable tente (essaie de t’éloigner de la foi en Dieu). En effet, Dieu ne tente pas: «Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise: “ma tentation vient de Dieu”». «Dieu, en effet ne peut être tenté par personne, et lui-même ne tente personne» (Jc 1,13). Le diable est le tentateur (cf. 1 Co 7,5). Sûrement, «l’épreuve qui vous a atteints n’a pas dépassé la mesure humaine. Dieu est fidèle: il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de vos forces. Mais avec l’épreuve, il donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter» (1Co 10,13). Le Lectionnaire
Première lecture: Gn 2,7-9 L’Évangile En Mathieu, le récit des tentations est très stylisé et, probablement, les épreuves que Jésus a vécues semblent plus intérieures que «externes» (cf. v. 8: existe-t-il une très haute montagne d’où l’on peut voir tous les royaumes de l’hémisphère nord et de l’hémisphère sud?) De plus, le texte rapporte les réponses bibliques de Jésus comme provenant toutes du Deutéronome, livre qui traçait l’identité d’Israël, premier fils adoptif de Dieu (cf. Os 11,1). Où le premier fils a failli, le Fils unique, Jésus, au contraire, a vécu pleinement sa fidélité à Dieu. Le texte de Mathieu est impeccablement circonscrit par une inclusion particulière: il commence et se termine avec l’intervention du monde céleste (v. 1a: Il fut conduit au désert par l’Esprit. Au verset 11: des anges s’approchèrent et ils le servaient. Tout de suite après le commencement et un peu avant la fin, on trouve le diable qui entre en scène et qui en sort (v. 3: Le tentateur s’approcha et li dit… v. 11a: Alors le diable le quitta…). Au milieu, nous trouvons les trois tentations (pain, tentation envers Dieu, richesse). Jésus repousse chaque tentation avec la Parole de Dieu, introduite avec la formule classique des rabbins («car il est écrit»). Le
texte évangélique originel liait l’épisode des tentations au Baptême
(«Alors, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit…»). Après un préambule plutôt élaboré où l’évangéliste explique que Jésus est conduit par l’Esprit dans le désert et que, après quarante jours de jeûne, le Seigneur eût faim, le tentateur entre en scène. Le «tentateur est le Mal-personne. Jésus le définit comme suit: «Depuis le commencement, il a été un meurtrier. Il ne s’est pas tenu dans la vérité, parce qu’il n’y a pas en lui de vérité. Quand il dit le mensonge, il le tire de lui-même, parce qu’il est menteur et père du mensonge» (Jn 8,43-44). Même si le tentateur utilise la Parole, il ne reçoit de Jésus qu’un refus radical qui manifeste une distance radicale de la mentalité démoniaque. Saint Thomas d’Aquin dit que «même la lettre de l’Évangile tue si la grâce intérieure de la foi qui guérit vient à manquer». Nous comprenons la différence entre la Parole employée par Jésus comme par le diable. Les trois grandes tentations auxquelles Jésus est soumis peuvent être lues comme les tentations fondamentales du croyant. Le croyant ne peut concevoir l’homme «dans une seule dimension» parce que l’homme n’est pas pure matérialité («Ordonne que ces pierres deviennent des pains»). Il ne peut pas non plus concevoir la foi comme un fidéisme de miracle (Jette-toi en bas; car il est écrit: «Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et: ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre»). Encore moins peut-il concevoir l’argent, la richesse et le pouvoir comme les réalités devant lesquelles se prosterner («Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi»). Au croyant, de faire un choix! Ou bien il choisit de vivre comme les premiers parents qui ont voulu devenir des dieux d’eux-mêmes, ou bien choisir de vivre comme le Christ qui a voulu organiser toute sa vie dans l’obéissance à Dieu. Il en découle que le croyant ne peut assumer avec le diable qu’une seule attitude: un refus radical. Qui est destiné à la vie éternelle ne peut rien avoir à faire avec celui qui est capable de donner seulement la mort. La première lecture La première lecture (Gn 2,7-9; 3,1-7) est un texte composite que la liturgie a choisi pour montrer l’alliance avec Dieu et le premier couple et, successivement, la tentation des premiers parents ainsi que leur échec. Avec une alliance donatiste, Dieu offrait tout à l’homme. Avec une alliance injonctive, il mettait un veto. Quiconque trahit l’alliance, mérite la mort. Adam et Ève ont trahi l’alliance en écoutant le serpent, symbole sans équivoque du diable (cf. Sg 2,24; Ap 12,9). Ils ont considéré comme étant bonne la proposition du serpent qui niait la Parole de Dieu («Vous ne mourrez pas»), présenté Dieu comme quelqu’un qui ne voulait pas la réalisation de l’homme («Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux») et en imposant l’obéissance morale («connaissant le bien et le mal») ils n’auraient plus été comme Dieu. Ils ont accepté. Ils ne sont pas devenus comme Dieu, mais ils se rendirent compte qu’ils étaient «nus» (fragiles, petits, dans le besoin, etc.). La deuxième lecture La liturgie a à cœur le thème de l’obéissance à Dieu. Par conséquent, le récit de la deuxième lecture (Rm 5,12-19), au lieu de finir au v. 21, finit au v. 19 («En effet, de même que par la désobéissance d’un seul être humain la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle rendue juste»). Il s’agit de la parfaite antithèse Adam-Christ, antithèse qui parcourt tout le texte, avec une présentation extrêmement variée, mais substantiellement toujours identique au niveau du message.
D’une part, Adam qui a donné à l’humanité, péché, condamnation et mort.
De l’autre, Jésus Christ qui a donné aux hommes, la grâce, la justification
et la vie. Comme en chaque comparaison qui suit les antiques règles
de la rhétorique, même dans ce cas-ci, la dimension positive a une valeur
énormément supérieure à la dimension négative. |