LITURGIE du DIMANCHE

commentaire sur la Parole

 

Le banquet de noces
11 octobre 2020 – 28e dimanche du Temps ordinaire
MICHEL DAVID S. osb




Première lecture: Is 25,-6-10a

Psaume: 22(23), 1-6
J’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

Deuxième lecture: Ph 4,12-14.19-20

Évangile: Mt 22,1-14.

Les paroles du prophète Isaïe peuvent revêtir notre cœur de sentiments et de dispositions les plus aptes pour participer au double banquet que le Seigneur nous sert ce dimanche-ci, dans sa Parole, et en devenant pain et vin. C’est avec une grande reconnaissance et avec une joie intérieure que nous nous approprions les paroles du prophète: «Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés» (Is 25,9). Nous pourrions même reformuler cette expressions d’Isaïe à la lumière de la parabole que nous lisons dans l’Évangile de ce dimanche: «En lui, nous espérions; il nous a sauvés».

….À partir de la célébration d’aujourd’hui, nous sommes appelés à prendre congé de la liturgie pour reprendre notre «marche» même «dans les ravins de la mort» (Ps 22,4) avec une sensation fondamentale, une sorte de goût qui revient et dont la douceur continue à être savoureuse pour le cœur: «Tu prépares le table pour moi… tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante» (Ps 22,5).

…Le Seigneur Jésus nous parle encore du royaume de Dieu, vers la fin de son ministère, dans l’Évangile de Mathieu qui commence comme suit: «Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils» (Mt 22,2). Cette parole introductive du Seigneur Jésus résonne comme une sorte de clé d’interprétation de toute l’histoire du salut: une invitation aux «noces» (Mt 22,9). Une fête préparée par le Seigneur dont la magnificence est offerte à tous, et qui par conséquent exige de tous une attitude adéquate.

…C’est comme si quelqu’un se présentait à une fête de mariage en short ou en tenue de travail, et avec une paire de savate…! Tous seraient un peu gênés et accepteraient difficilement la justification selon laquelle l’intention suffit et qu’il ne faut pas se formaliser parce que l’important est le cœur et le désir de fêter et de se réjouir avec les époux.

…Toutefois, il ne suffit pas d’être présent à une «fête de noces» (22,2), il faut entrer dans la dynamique de la fête qui est le résultat de l’apport généreux et l’implication de chaque personne.

…En réalité, il y a deux paraboles! La première concerne les premiers invités: «ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent» (22,5). Non seulement, ils déclinent l’invitation mais ils vont jusqu’à maltraiter et tuer ceux qui portaient une parole absolument inoffensive et privée de toute menace: «Venez à la noce!» (22,4). Au contraire, la deuxième concerne un des nombreux invités qui s’est précipité dans la salle de noce, peut-être parce qu’il était affamé, sans porter le «vêtement de noce» (Mt 22,11). Dans chacun des cas, la conséquence est assez forte! Dans le premier, le roi «envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et incendia leur ville» (22,7). Dans le deuxième cas, le roi ordonna: «Jetez-le, pieds été poings liés, dans les ténèbres du dehors; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents» (22,13). La conclusion de la parabole vaut pour les deux mini-paraboles: «Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus» (22,14). Il ne s’agit certainement pas de distinguer les bons des méchants, étant donné qu’au cœur de la parabole se trouve une parole qui ne s’occupe pas de cataloguer les invités: «Tous ceux que vous trouverez, rassemblez-les, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives» (22,9-10).

…L’aspect sur lequel le Seigneur Jésus veut attirer l’attention, ce n’est pas notre dignité qui nous rend objet de l’appel de Dieu; c’est l’appel de Dieu qui nous donne une dignité nouvelle qui permet à notre vie d’assumer une pleine dignité. Voilà pourquoi dans le cas de l’invitation déclinée comme dans celui de la tenue inadéquate, se révèle et stigmatise une incapacité à saisir la portée du don qui nous est fait. En agissant ainsi, plus ou moins consciemment, on n’accepte pas l’invitation aux noces qui est toujours un appel à sortir de soi pour s’ouvrir à quelque chose de nouveau qui dépasse nos programmes, nos attentes, nos habitudes et même nos économies. Le prophète Isaïe nous le rappelle quand il dit: «car la main du Seigneur reposera sur cette montagne» (Is 25,10). Il s’agit de la montagne de notre vie en tension et par laquelle le Seigneur continue chaque jour à préparer une «table pour moi devant mes ennemis» (Ps 22,5), les ennemis de notre joie.

…Nous pourrions nous approprier les paroles de l’Apôtre: «Je sais vivre de peu, je sais aussi vivre dans l’abondance. J’ai été formé à tout et pour tout; à être rassasié et à souffrir la faim, à être dans l’abondance et dans les privations. Je peux tout en celui qui me donne la force» (Ph 4,12-13).

…Le vêtement dont nous avons été revêtus au baptême, c’est la charité qui est le fruit de la renaissance dans le Christ, nous revêtir de Lui, de ses sentiments et de ses attitudes.

…Saint Augustin insiste sur le fait que le vêtement ne fut pas examiné par les serviteurs mais directement par le roi qui «entra pour examiner les convives» (Mt 22,11). C’est le roi qui s’est rendu compte de la réalité «le vêtement qui se voyait dans le cœur pas dans le corps» et il ajoute: «c’est donc le Seigneur qui a découvert celui qui était resté caché aux serviteurs» (AUGUSTIN, Discours 90,4).

…La conscience que seul le Seigneur peut découvrir si nous avons, et jusqu’à quel point, revêtu le Christ intérieurement, doit nous enseigner la discrétion les uns envers les autres. Seul le roi peut entrer dans l’intimité et discerner l’intime attitude nuptiale des âmes…, si quelqu’un d’autre le faisait, il serait impudique jusqu’à l’indiscrétion envers le roi et «son fils» (22,2). Nous ne sommes que des «serviteurs» (22,10) envoyés par les «chemins» pour inviter «les mauvais comme les bons»; le reste appartient au Seigneur qui, tôt ou tard, entrera et scrutera; nous espérons qu’il nous appelle ses «amis» (Jn 15,14).

…Qu’il ne nous arrive pas de nous entendre dire: «mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce?» (Mt 22,12). Surtout, qu’il ne nous arrive pas de nous approprier le droit de nous adresser sur ce ton à aucun des «invités» parce que ce n’est pas notre devoir. Nous pourrions facilement nous exposer au sort des premiers contre lesquels le roi «s’est mis en colère» (Mt 22,7).

…De notre part, «exultons, réjouissons-nous: il nous a sauvés!»

PRIONS

Seigneur Jésus, pardonne-nous,
car trop souvent,
nous ne nous rendons même pas compte
de ton invitation aux noces,
au partage, à la fête de vie
que Tu prépares pour nous.
Rends-nous capables d’écouter,
d’accepter et revenir.
Nous revenons pour Te louer
et Te dire notre amour.
Et nous Te demandons pardon pour chacune
de nos absences, des frères, de tous!
Seigneur, pardonne-nous
et ne nous abandonne pas
à notre distraction!
MICHEL DAVID S.