LITURGIE du DIMANCHE

commentaire sur la Parole

 

Huit jours plus tard, Jésus vint
19 avril 2020 – 2e dimanche de Pâques
R. DE ZAN




 Première lecture: Ac 2,42-47

 Psaume: 117(118), 2-4.13-15.22-24

Rendez grâce au Seigneur: il est bon! Éternel est son amour!

 Deuxième lecture: 1 P 1,3-9

 Évangile: Jn 20,19-31


Préparation

• Couleur liturgique: Blanc.
• Lectures du jour: Lectionnaire dominical et festif Année A.
• Préface pascale: Christ, Agneau pascal.
Dans la Prière eucharistique, on rappelle Pâques et les néophytes.
• Fleurs: Les bouquets reflètent la joie de rencontrer le Seigneur Ressuscité.
On suggère d’utiliser des fleurs saisonnières (tulipes, iris, lis).
• Musique et chant: L’acclamation Alléluia domine le deuxième dimanche de Pâques
et toute la cinquantaine pascale; elle continue dans la même ligne que Pâques
avec un accent particulier sur la foi.
• Suggestions: En ce dimanche in albis, les néophytes déposent le vêtement blanc qu’ils ont porté durant l’octave pascale. On pourrait penser à un moment de prière pour eux.

Thématique liturgique

Aujourd’hui, c’est le dimanche de la déposition des vêtements du baptême (dimanche in albis) mais puisque l’Évangile dit que le Ressuscité donne l’Esprit pour la rémission des péchés, Jean-Paul II a voulu que ce soit aussi le dimanche de la divine miséricorde. L’Église des Pères et l’Église Médiévale considéraient aussi ce dimanche comme étant le dimanche de Thomas, homme du doute et de la rationalité. Le doute préconçu qui mine l’évidence, est quelque chose de délétère pour les relations, pour la recherche de la vérité, pour la science même. Le doute est différent quand il pousse à approfondir et à chercher. Il devient un aide précieux même pour la croissance de la foi.

Les disciples de Jésus «quand ils le virent, se prosternèrent, mais certains eurent des doutes» (Mt 28,17). Cela va sans sire. Se trouver devant homme vivant, qu’on a vu mourir, ébranle: c’est contre toute rationalité. Il importe que l’homme surmonte le bouleversement et la peur (cf. Lc 24,37) les disciples furent («saisis de frayeur et de crainte») et entrés en contact avec le réel. La tentation de réduire la connaissance seulement à ce qui est en pure continuité avec le déjà connu, sans s’ouvrir à l’au-delà et au saut, devient une prison de la raison. On ne peut pas réduire la résurrection à un phénomène purement historique et, par conséquent, on ne peut l’aborder seulement avec la méthode rationnelle historique-critique. En effet, la résurrection est une réalité eschatologique (elle appartient au monde définitif du futur) et elle est advenue dans l’histoire. C’est avec la raison mais aussi avec la foi qu’on s’en approche. C’est vrai que souvent, le croyant d’aujourd’hui, est tenté de réduire la foi seulement à ce qui est rationnel et expérimentable. Cependant, cette attitude équivaut à nier la foi même. Ce statut n’est pas seulement typique de la foi. Par exemple, l’amour ne peut être réduit seulement à ce qui est rationnel et expérimentable: faire cette opération signifie tuer l’amour. Ceci vaut aussi pour la science. Chaque recherche scientifique naît d’une illumination, d’une intuition: le rationnel et l’expérimentable arrivent après, pour obtenir la démonstration. Sans le non-rationnel (intuition, illumination), il n’y a pas de science.

…La première conclusion de l’Évangile de Jean (Jn 20,30-31) est très importante parce qu’elle détourne le lecteur de la pure curiosité historique (de la dimension facile à gérer avec la seule rationalité. En effet, Jésus a fait beaucoup plus que ce qui est écrit dans l’Évangile. Ce qui est écrit dans l’Évangile a pour but de faciliter la foi en Jésus comme Messie et comme fils de Dieu. Dans cet horizon de foi, l’attitude de Thomas est frappante. La fausse attitude de Thomas ne consiste pas à vouloir les preuves de la résurrection mais à vouloir réduire la résurrection aux preuves qu’il prétend. Thomas voulait réduire la résurrection au déjà connu ou, au maximum, en continuité avec le déjà connu. («Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas»). Dans le dialogue avec Jésus, Thomas apprend qu’il y a trois manières de s’approcher de la réalité: la capacité de ne pas tout réduire à la continuité avec le déjà connu, l’accueil du témoignage de quiconque l’a précédée dans cette expérience, l’expérience directe.

Le Lectionnaire

 Première lecture: Ac 2,42-47
 Psaume: 117(118), 2-4.13-15.22-24
Rendez grâce au Seigneur: il est bon! Éternel est son amour!
 Deuxième lecture: 1 P 1,3-9
 Évangile: Jn 20,19-31

L’Évangile

Le texte biblico-liturgique de Jean est égal au texte biblique originel. La structure du passage est claire: il y a une partie narrative (Jn 20,19-29) et une conclusion générale (Jn 20,30-31). La partie narrative contient des marques littéraires concernant le temps (v. 19): «Le soir venu»; (v. 26) «huit jours plus tard» ainsi que des répétitions stratégiques (v. 26) «les portes verrouillées»; «Jésus vint au milieu d’eux»; «La paix soit avec vous» (Jn 21,26) qui subdivisent le texte narratif en deux unités: Jn 20,19-25 (apparition du Ressuscité qui donne l’Esprit aux apôtres) et Jn 20,26-29 (apparition à Thomas). La conclusion générale (Jn 20,30-31) marque la conclusion archaïque de l’Évangile. Puis, l’Évangile a été complété, et l’Évangéliste anonyme qui a composé la deuxième conclusion (Jn 21,24-25) n’a pas touché au texte précédent.

Dans la première unité littéraire, Jésus donne le shalòm. Normalement, on le traduit par paix (c’est la manière la plus simple mais peut-être pas la meilleure). Dans 2 S 11,7, David demande à Ourias comment va le shalòm de la guerre; ce serait peut-être mieux de penser la paix comme réalisation de soi au sein de la réalisation du groupe). Jésus salue et donne cette réalisation: l’Esprit sera la puissance qui, pardonnant les péchés, donnera à l’homme sa réalisation. Le don de l’Esprit est déjà advenu à la mort du Seigneur. En Jn 19,30, le texte grec dit «inclinant la tête, il remit l’Esprit» (la traduction expiré et remit l’esprit) n’est pas bonne et pas claire. L’Esprit sera encore donné au jour de la Pentecôte (Ac 2,4) à chaque chrétien (cf. Ac 11,15; les charismes; etc). Le don de l’Esprit que le Ressuscité fait à ses disciples a pour but le pardon des péchés et la réalisation de l’homme. Le pardon que Jésus donne à chaque croyant est personnel, mais il advient par l’intermédiaire du collège apostolique.

Le témoignage des disciples à Thomas est émouvant, mais on peut comprendre que Thomas avait ses justes doutes sur le témoignage de ses collègues. En effet, la résurrection et pas le retour à la vie (fils de la veuve de Naïm, fille de Jaïre, Lazare), constitue «quelque chose» qui échappe à l’intelligence humaine: revenir à la vie pour ne plus jamais mourir n’est pas quelque chose qui appartient à l’histoire. Tout le mystère du Christ, la résurrection en particulier, a porté l’éternité dans l’histoire. C’est une difficulté, et non la moindre. Par conséquent, l’expérience des disciples n’a pas été facile (les femmes furent pleines «de frayeur et de stupeur»; les disciples furent «bouleversés et remplis de peur», ils croyaient que c’était un «fantôme») et ils se portèrent garants de ce dont ils témoignent; ça leur a coûté de se convaincre et de comprendre ce qu’ils ont vécu avec le Ressuscité.

Thomas pouvait choisir: croire au témoignage des disciples ou avoir, comme eux, l’expérience directe du Ressuscité. Il a choisi cette deuxième voie. Sa confession de foi est théologiquement la plus sublime de tout le Nouveau Testament: «Mon Seigneur et mon Dieu!». Jésus lui a donné cette deuxième possibilité, mais il a déclaré heureux «ceux qui ont cru sans avoir vu!». Et nous sommes de ceux-là.

La conclusion du récit évangélique est la première conclusion de l’Évangile (Jn 20,30-31). Elle dit que l’Évangile n’est pas une «biographie» de Jésus mais le témoignage de certaines réalités importantes à croire pour pouvoir exprimer la profession de foi de Thomas.

La première lecture

Le texte de la première lecture est extrait des Actes 2,42-47. Il s’agit d’un des sommaires les plus importants de la première partie du Livre. L’auteur a voulu y résumer la vie de la communauté primitive. Il y avait quatre caractéristiques de cette communauté, modèle pour chaque communauté croyante: la didaché des apôtres (l’approfondissement du mystère du Christ de la part de ceux qui furent avec lui, à commencer par le baptême de Jean; la communion des biens («ils avaient tout en commun et partageaient avec tous, selon le besoin de chacun»; un système économique qui a été corrigé par la suite; dans la vie monastique et religieuse, on a cependant maintenu le partage des biens), la fraction du pain. L’Eucharistie a toujours été le centre de la vie chrétienne) et les prières (la prière était vécue selon le mandat de Jésus qui enseignait la «nécessité de prier toujours, sans jamais se lasser»; (cf. Lc 18,1). Avec des choix de critique textuels minoritaires, certains savants retiennent que les quatre caractéristiques appartiennent à une seule action liturgique, la célébration eucharistique (didaché des apôtres=liturgie de la Parole; communion=offrande et dons pour les pauvres; fraction du pain=liturgie eucharistique; prières=conclusion de la célébration). Peut-être faut-il classifier cette lecture comme attribuant en «premier» ce qui est advenu «après».

La deuxième lecture

La première lettre de Pierre, attribuée à l’Apôtre, mais écrite plusieurs années après sa mort, par un de ses disciples, contient une vaste catéchèse baptismale.

Notre texte (1 P 3,1-9) comprend une eulogie d’ouverture (1 P 1,3-5), vient ensuite une parénèse sur la persévérance de la foi dans les épreuves (persécutions?). Le fondement de cette persévérance, c’est l’amour du Ressuscité. L’écrivain sacré reprend le thème de l’Évangile («Heureux ceux qui croient sans avoir vu!» (Jn 20,29). C’est là qu’il situe l’amour des croyants: «sans l’avoir vu, ils crurent en Lui» (1 P 1,8). L’objectif de la persévérance fondée sur l’amour du Ressuscité porte au «salut de vos âmes». Le terme âme fait référence à l’homme tout entier: cf. 1 P 1,22; 2,11.25; 4,19).