LITURGIE du DIMANCHE
commentaire sur la Parole
Le
grand commandement |
L’apôtre
Paul écrit aux chrétiens de Thessalonique, se félicitant avec eux
et reconnaissant que leur chemin de foi doit être «un modèle pour
tous les croyants» (1 Th 1,7). Le motif est expliqué immédiatement
en termes aussi clairs qu’allusifs: «comment vous vous êtes convertis
à Dieu en vous détournant des idoles, afin de servir le Dieu vivant
et véritable» (1,9). Après de nombreuses discussions entre le Seigneur
Jésus et les différentes catégories d’auditeurs qui ont l’intuition
de la nouveauté de l’Évangile, dans sa prédication et, plus encore,
dans la prophétie de ses gestes et de ses attitudes, nous nous trouvons
encore une fois devant une discussion. Avec une gentillesse apparente
et le respect des modalités propres aux écoles synagogales, les
pharisiens posent au Rabbin de Nazareth une question pour le mettre
encore à l’épreuve: «Maître, dans la Loi, quel est le grand commandent?»
(Mt 22,36).
…Dans la logique des écoles pharisaïques, un des problèmes plus importants et sérieux était d’établir et de vérifier l’ordre hiérarchique juste entre les divers préceptes et les coutumes (traditions) s’y rapportant. Le Seigneur se soustrait à cette logique casuistique pour indiquer les «deux commandements» (22,40) dont dépend chaque pas de fidélité, pas dans le sens de l’exécution simple et scrupuleuse, mais dans une attention de plus en plus créative aux réalités concrètes où nous sommes appelés à incarner et pas simplement à exécuter. Exécuter est une opération assez simple sous certains aspects et, dans de nombreux cas, très mécanique et déresponsabilisante. Comme nous pouvons facilement comprendre, incarner est, au contraire, quelque chose qui exige la pleine participation de chaque personne unie à une disponibilité de l’accueil et de l’imitation d’un Dieu «compatissant» (Ex 22,26). En effet, dans la première lecture, le Seigneur ne se présente pas comme un Dieu contrôleur et comptable auquel correspond une sorte de taxe sur l’existence pour éviter qu’il nous foudroie avec sa vie. Au contraire, il se révèle comme le Seigneur qui prend soin de la «veuve» et de «l’orphelin» (22,23) et non seulement, il demande de faire de même, et il fait de l’attention au plus faible le critère absolu du discernement d’une fidélité qui nous grandit et nous fait reconnaître combien notre Seigneur et Créateur est grand. …À chaque jour, nous sommes invités à revivre personnellement et en tant que communauté de croyants ce chemin de détournement «des idoles, afin de servir le Dieu vivant et véritable et afin d’attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité des morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient» (1 Th 1,9-10). Comme saint Robert Bellarmin le présente: «Ce premier et plus grand commandement profite à l’homme qui obéit, non pas à Dieu qui commande; et chacun des autres commandements de Dieu perfectionne celui qui obéit, l’élève, l’instruit, l’éclaire, enfin, le rend bon et heureux» (ROBERT BELLARMIN, Élévation de l’intelligence à Dieu, grad. 1). Au lieu de tellement nous occuper, et parfois d’une manière obsédante, de remettre en ordre les commandements, c’est peut-être mieux d’avoir l’œil sur le chemin de conversion de notre cœur à travers une fidélité sereine au quotidien qui, en réalité, nous place devant des urgences réelles auxquelles nous sommes appelés à répondre avec générosité. …Le Dieu que nous voulons imiter, pour être son reflet aimable, n’est pas un Dieu enveloppé dans un écrit ou conservé jalousement dans un coffret, et encore moins, devenu une idole dans n’importe quel monument. Il est toujours et continuellement un Dieu incarné, donc, vivant et en croissance continue: notre Dieu est un Dieu dynamique qui veut que nous le soyons aussi, un Dieu dont le visage est toujours tourné vers nous avec amabilité et douceur. …Voilà donc que l’âme des commandements n’est pas d’obéir mais, cherchant d’obéir parfois en payant cher; être transformés en Celui auquel nous voulons nous conformer, non pas par la Loi, mais à travers la Loi. De ce point de vue, les commandements ne sont donc pas des limites, des poids, des obligations mais, au contraire, ce sont les règles du jeu qui nous permettent de pouvoir nous divertir jusqu’au fond en parvenant à un grand sens de satisfaction et de paix profonde, même dans nos défaites. …Quel plaisir avons-nous à toujours vaincre? Il y a même de la joie en permettant à l’autre de vaincre pour partager une joie de plus en plus profonde, authentique. …Vivre ainsi en présence Dieu ne signifie pas faire des choses, mais les faire, animés par la logique de l’amour. Le disciple aimé dit «Dieu est amour» (I Jn 4,8) et tout l’engagement de notre vie chrétienne, comme le pape Benoît XV! l’a rappelé dans sa première encyclique, consiste simplement à nous exposer sereinement au soleil de cet Amour pour être totalement vivifiés, dynamisés, divinisés à travers la plénitude d’une humanité réussie. L’amour, seul l’amour, est capable de mettre et de tenir le tout ensemble, même la Loi et la Grâce, la soumission et la liberté, la lettre et l’Esprit. …Mais nous, nous le savons bien, nous ne savons pas aimer et chaque jour, en nous adressant à Dieu dans la prière, nous devons avant tout demander humblement: «Seigneur, enseigne-nous à aimer!». Quand nous prions ainsi, le Seigneur ne peut que nous exaucer, et le signe est justement l’entrée dans l’Ordre de l’Amour qui exige qu’en nous, à la base de tout, il y est le désir de plus en plus grand d’aimer Dieu. En effet, en nous mettant en relation avec la grandeur de Dieu, ce désir nous fait naturellement croître et tellement dilater notre petit cœur, rachitique, au point d’être en mesure d’aimer non seulement toutes les personnes mais même les animaux les plus petits et les plantes les plus simples. …Nous devons reconnaître que la discussion lancée par les pharisiens a permis au Seigneur Jésus d’éclairer le cœur de son enseignement qui ne s’éloigne certainement pas de la Torah, mais qui est l’incarnation d’une fidélité qui devient modèle d’un amour toujours en voyage vers des horizons inattendus et inexplorés. Le critère pour discerner l’authenticité de notre fidélité est précisément notre capacité, en chaque situation, de donner vraiment «tout» (Mt 22,37). PRIONS Seigneur
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