Je
suis la Résurrection et le VIE. 29
mars 2020 – 5e dimanche du Carême R. DE ZAN
▪
Première lecture: Ez 37,12-14
▪ Psaume: 129(130) 1-8
Le Seigneur est bonté et miséricorde.
▪ Deuxième lecture: Rm 8,8-11
▪ Évangile: Jn 11, 1-45
CÉLÉBRER AVEC ART
Préparation
• Couleur liturgique: Violet.
• Les lectures du jour: Lectionnaire dominical et festif. Année A.
• Préface: du 5e dimanche du Carême.
La résurrection de Lazare, signe de Pâques.
• Fleurs: Les orientations données pour les dimanches précédents valent
aussi pour ce dernier dimanche du Carême. Elles ne valent pas pour la
réserve eucharistique (ou tabernacle), ornée durant l’année comme lieu
de la présence du Seigneur ressuscité. En ce temps austère du Carême,
nos lieux liturgiques nous parlent sévèrement, nous rappelant la réalité
du désert, du péché, la nécessité du silence, de l’écoute en vue d’une
vraie conversion du cœur. Nous nous préparons ainsi aux jours saints
de Pâques.
• Musique et chants: Utiliser des chants qui rappellent le thème de
la résurrection et de la vie.
• Suggestions: Pour chaque fidèle ainsi que pour toute la communauté
chrétienne, il importe que le temps du Carême se termine par une célébration
pénitentielle pour se préparer à une participation plus intense au mystère
pascal.
Thème liturgique
On ne parle pas de la mort, mais c’est le destin de tous. En chaque
temps, l’homme a dû se mesurer à cette réalité. D’une fois à l’autre,
il l’a appelée «douce amie» ou «ennemi cruel», «destin inéluctable»
ou «ultime destin de la vie». Cependant, devant sa propre mort, personne
ne reste impassible, toujours appelé à prendre une position (fataliste,
angoissée, résignée, accueillante), vivant toujours une expérience douloureuse
devant la mort des personnes chères. Aujourd’hui, la liturgie rapproche
le baptême de ce mystère.
Le parcours du Carême a commencé avec les deux dimanches christologiques
(tentations, transfiguration), il continue avec les trois dimanches
théologiques (la samaritaine, l’aveugle-né, la revivification de Lazare).
Dans ces derniers, le centre thématique est la confession de foi des
protagonistes. L’aveugle guéri confessa: «Je crois, Seigneur» (Jn 9,38).
Les Samaritains dirent:
«Nous croyons…qu’il est le sauveur du monde» (Jn 4,42).
Marthe, la sœur de Lazare et amie de Jésus, dit aujourd’hui: «Oui, Seigneur,
je le crois: tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient
dans le monde» (Jn 11,27). L’acte de foi exprimé dans ces textes est
l’acte de foi du catéchumène et du baptisé. Le contenu de cet acte de
foi n’est pas telle ou telle vérité, c’est la personne de Jésus, son
identité, sa mission. Dans l’épisode de Lazare, il y a la réponse de
Jésus à l’acte de foi du chrétien: «Moi, je suis la résurrection et
la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra; quiconque vit
et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?» (Jn 11, 25-26).
Le baptême fait de nous des chrétiens totalement unis à Lui (Rm 6,5)
qui est déjà ressuscité et capable de donner la vie après la mort (Évangile:
Jn 11,1-45). La confession personnelle de la foi en Jésus, mort et ressuscité,
capable de donner la vie à ses disciples après la mort, devient aussi
une confession de foi par rapport au futur personnel: le disciple de
Jésus mourra comme le Maître et ressuscitera comme lui. Dans son ministère,
Jésus affirme toujours l’espérance qui, pour le croyant est une certitude
dans l’attente d’une chose vraie et sûre, lorsqu’on se trouve devant
la mort. Devant la jeune de Jaïre, il avait dit: «l’enfant n’est pas
morte, elle dort» (Mc 5,39). Devant Lazare, il répète la même vérité:
«Lazare s’est endormi, mais je vais le réveiller» (Jn 11,11). La foi
n’enlève pas la tristesse de devoir mourir (cf. Préface de la Messe
des défunts), mais elle nous offre la certitude que la mort n’a pas
le dernier mot sur nous, la mort est réversible. Le Maître est celui
qui nous fait revenir de la mort. Tandis que les miracles de revivification
- on revient à la vie pour retourner à la mort - comme celui de la fille
de Jaïre ou celui du fils de la veuve de Naïm ou celui de Lazare sont
des exemples qui illustrent le grand mystère du revenir de la mort,
la résurrection – il revient en vie pour ne plus mourir – est l’exemple
qui démontre la grande vérité de notre foi: le Maître est capable de
vaincre et de faire dépasser la mort pour toujours.
Le Lectionnaire
▪ Première lecture: Ez 37,12-14
▪ Psaume: 129(130) 1-8
Le Seigneur est bonté et miséricorde.
▪ Deuxième lecture: Rm 8,8-11 ▪ Évangile: Jn 11, 1-45
L’Évangile
Le texte biblique originel de Jn 11,1-44 est composé de sept moments
narratifs dont le centre est l’émotion de Jésus, la constatation que
Jésus aimait Lazare et le cancan de quelques personnes présentes sur
les capacités thaumaturgiques de Jésus («Lui qui a ouvert les yeux de
l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir?»). La liturgie
change le début du passage (original: «Un certain Lazare de Béthanie»;
texte liturgique: «En ce temps-là, un certain Lazare de Béthanie») et
il ajoute le v. 45: «Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de
Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui»).
Cet ultime ajout rompt l’équilibre de la structure parce qu’il devient
composé non plus de sept, mais de huit moments narratifs: maladie de
Lazare (1-3), dialogue avec les disciples (4-16), dialogue avec Marthe
et sa confession de foi (17-27), émotion de Jésus devant Marie (28-37),
dialogue avec Marthe (38-40), remerciement adressé au Père (41-42),
le miracle (43-44), confession de foi des Juifs présents (45). Au centre
du texte liturgique, se trouve l’émotion de Jésus et le dialogue de
Jésus avec Marie, où se manifeste la fatigue de croire à la promesse
de vie faite par Jésus.
La forme brève de la lecture évangélique (Jn 11,3-7.17.20-27.33b-45),
en supprimant la présentation du scénario (v. 1-2), le dialogue de Jésus
et les disciples où la mort est lue comme un songe (v.8-16, la brève
information géographique (v. 18-19), le dialogue de Jésus avec Marie
(v.
28-39a), bouleverse la structure originelle du passage.
À l’intérieur du texte, il y a des fils thématiques importants. Tout
part de l’amour existant entre Jésus, Marthe, sa sœur, et Lazare. En
raison de cet amour, Jésus est informé de la maladie de l’ami. Le Maître
le considère endormi tout en sachant bien qu’il est mort. Devant la
fille de Jaïre,
Jésus dit: «L’enfant n’est pas morte, elle dort» (Mc 5,39). Devant la
mort de Lazare, il répète: “Lazare s’est endormi, mas je vais le réveiller”
(Jn 11,11). La mort n’est pas une disparition mais un sommeil parce
qu’il y a le réveil. De cet amour naît le très beau dialogue entre Jésus
et Marthe qui culmine dans la confession de foi de Marthe: “Oui, Seigneur,
je le crois: tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient
dans le monde”.
Le dialogue entre Jésus et Marie naît du même amour. C’est toujours
par cet amour que Jésus vit intérieurement et extérieurement une désapprobation
pour ce qu’il voit. Donc, Jésus voyant la douleur qui l’entoure, exprime
sa désapprobation pour ce qui arrive: la mort est terrible et provoque
les larmes, mais devant la mort, il ne peut y avoir de pleurs sans espérance.
Puis, tout se passe rapidement. À l’objection délicate de Marthe, Jésus
répond en la rappelant à l’acte de foi précédent. Après un court remerciement
adressé au Père, la revivification advient afin que la foule croie que
Jésus a été envoyé par le Père. Beaucoup de Juifs crurent en lui.
La première lecture
Pour les Juifs du VI siècle av J.-C. l’exil à Babylone était comparable
à la mort. Ézéchiel réconforte ses compatriotes en partageant une expérience
de vision eue auparavant. Le prophète voit une vallée immense recouverte
d’os arides. Dieu les recompose, applique des nerfs et des muscles et
donne son Esprit afin qu’ils vivent: “Je mettrai en vous mon esprit,
et vous vivrez; je vous donnerai le repos sur votre terre”. La liturgie
choisit ce texte parce qu’il est en syntonie thématique avec l’Évangile:
Dieu est celui qui donne la vie même au-delà de la mort. Le passage
est en syntonie thématique avec la deuxième lecture: comme l’Esprit
du Seigneur revivifie les os arides, de même l’Esprit qui a ressuscité
des morts donnera aussi la vie à vos corps mortels (cf. Rm 8,8-11).
La deuxième lecture
La deuxième lecture (Rm 8,8-11) indique dans l’Esprit celui qui opère
la résurrection du baptisé. L’expérience que le chrétien peut faire
de l’Esprit en cette vie, soutient l’espérance. Pour le croyant, appeler
Dieu Abba, Père (cf. Rm 8,15; Ga 4,6), confesser que Jésus est le Seigneur
(cf. 1 Co 12,3), accueillir en soi et reconnaître les charismes de l’Esprit
dans les autres (cf. 1 Co 12,1-14,40) sont des expériences qui font
toucher du doigt la présence de l’Esprit. C’est une expérience fondamentale
pour soutenir la foi et l’espérance en la vie au-delà de la vie semée
dans la personne du croyant par le baptême.